Menu



senesante
 


COMMUNIQUONS SANTE !

Cancer du colon : la recherche de l’ADN tumoral circulant permet d’identifier qui peut se passer de chimiothérapie

Rédigé le Mercredi 6 Juillet 2022 à 14:18 |



Si la chirurgie permet guérir plus de 80 % des patients atteints d'un cancer du colon de stade 2, les bénéfices de la chimiothérapie sont, eux, moins évidents. Moins d'un patient sur vingt va en effet en profiter. Jusqu'à présent, on était bien incapables de prédire pour quels patients la chimiothérapie serait utile.

En s'appuyant sur les résultats d'une biopsie liquide qui détecte de l'ADN tumoral circulant, des chercheurs ont réussi à identifier après une chirurgie du cancer du colon au stade 2 les patients qui bénéficieraient le plus d'une chimiothérapie adjuvante, et aussi ceux qui au contraire n'en bénéficieraient pas et pourraient donc s'en passer.

C'est ce qu'a montré l'essai de phase 2 DYNAMIC, dont les résultats, présentés au congrès de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), ont été publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine[1,2].

« L'utilisation de l'ADNtc pour guider le traitement a divisé par deux le nombre de patients ayant reçu de la chimiothérapie post-chirurgie, passant de 28% à 15 % », a commenté la première auteure, la Dr Jeanne Tie ( Peter MacCallum Cancer Centre, University of Melbourne, Australie).

L'étude en détails

La proportion de patients en vie et indemne de cancer trois ans après le traitement guidé par les résultats de l'ADNc était de 92 %, c'est-à-dire la même proportion que les patients randomisés pour une prise en charge standard, a indiqué Jeanne Tie. La probabilité d'être en vie et indemne de cancer était de 86,4% chez les patients avec une biopsie liquide positive qui avaient reçu de la chimiothérapie et de 92,5% chez les patients sans ADNtc (biopsie liquide négative) qui n'avaient pas reçu de la chimiothérapie.
20220609_Cancer_du_Colon_et_biopsie_Liquide_Medscape

Vers des choix thérapeutiques par l'ADNtc ?

Les résultats vont changer la pratique, a commenté la Dr Julie Gralow, cheffe du service médical de l'ASCO. « Je considère cette étude comme la preuve d'un nouveau concept majeur pour les cancers pour lesquels nous avons de très bons résultats de survie et pour lesquels nous nous interrogeons sur l'opportunité d'une désescalade thérapeutique ou au contraire une intensification thérapeutique », a-t-elle détaillé dans une conférence de presse.

« Je pense vraiment que ces résultats vont nous aider à sélectionner les patients atteints d'un cancer du colon de stade 2 qui bénéficieraient d'une chimiothérapie de ceux qui pourraient l'éviter », a-t-elle ajouté. Ces résultats pourraient aussi identifier les patients ayant besoin de davantage que le traitement standard.

C'est un groupe pour lequel « nous aurions besoin de sortir des sentiers battus et s'autoriser à faire plus que de la chimiothérapie adjuvante », a-t-elle confié à Medscape Medical News. « Peut-être nous devrions envisager une immunothérapie adjuvante pour ce groupe ou une thérapie ciblant l'EGFR ou toute autre chose ayant démontré un bénéfice au stade métastatique ».

Experte de l'ASCO, la Dr Cathy Eng (Vanderbilt University, Nashville, Etats-Unis) a applaudi les résultats grâce auxquels, a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse « nous sommes désormais capables d'identifier les patients atteints d'un cancer du colon de stade 2 qui bénéficieraient d'une chimiothérapie post-chirurgie et ceux dont ce traitement pourrait être évité sans pour autant compromettre leur survie sans récidive ».

De l'enthousiasme mais beaucoup de questions aussi  

« Les auteurs doivent être félicités », écrivent la Dr Clara Montagut et la Dr Joana Vidal, de l'Hospital del Mar à Barcelone en Espagne, dans un éditorial du New England Journal of Medicine qui accompagne l'article[3], où elles saluent la nouveauté de l'approche et les potentielles implications cliniques des résultats de cette étude.

L'étude DYNAMIC aborde le thème important du rôle de la détection de la maladie résiduelle minimale, détectée grâce à l'ADNtc, pour « augmenter la précision des traitements adjuvants dans les cancers solides ». L'essai soulève aussi des questions essentielles, comme de savoir si des patients avec des facteurs à haut risque de la maladie mais avec un ADNtc négatif bénéficieraient tout de même d'une chimiothérapie, ou encore de savoir si la chimiothérapie empêche ou seulement retarde la récidive, ou encore de déterminer quel sous-groupe de patients ADNtc positifs bénéficieraient d'une chimiothérapie et quel schéma de chimiothérapie utiliser.

Plusieurs essais en cours, similaires à l'étude DYNAMIC, « sont en train d'évaluer l'escalade de chimiothérapie chez les patients ADNtc positifs ou la déescalade de chimiothérapie chez les patients ADNtc négatifs atteints d'un cancer de stade 2 », indiquent-elles. Les résultats de ces essais cliniques sont « vivement attendus et pourraient fournir une validation supplémentaire en faveur de l'utilisation de l'ADNtc pour individualiser la chimiothérapie adjuvante dans le traitement du cancer du colon ».

L'étude DYNAMIC a été financée par l'Australian National Health et le Medical Research Council, les US National Institutes of Health, la Marcus Foundation, le Virginia and D.K. Ludwig Fund for Cancer Research, la Lustgarten Foundation, la Conrad R. Hilton Foundation, le Sol Goldman Charitable Trust, la John Templeton Foundation, et la Eastern Health Research Foundation. La Dr Jeanne Tie a déclaré des liens avec AstraZeneca/MedImmune, Bristol-Myers Squibb, Haystack Oncology, Inivata, MSD Oncology, Pierre Fabre et Servier.

 

Cet article a été écrit par Sharon Worcester et initialement publié sur Medscape.com, puis traduit/adapté par Marine Cygler pour Medscape France. Illustration par Elodie Gazquez.









Les News

Suivez-nous
Facebook
Twitter
Rss
Mobile