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Médicaments essentiels : la liste qui fâche

Rédigé le Mercredi 5 Juillet 2023 à 21:32 |



Médicaments essentiels : la liste qui fâche
La pandémie de Covid-19 avait mis en évidence la très forte dépendance de l’Europe, et donc de la France, aux importations de médicaments. Plusieurs solutions avaient été avancées, la mesure préalable étant la constitution d’une liste des médicaments dits essentiels. Presque trois ans plus tard, cette liste en était encore au point mort. Pourtant les problèmes de pénurie se sont accentués. Ainsi, plus de trois mille médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ont fait l’objet d’un signalement de rupture ou de risque de rupture en 2022, contre un peu plus de 1.500 en 2019 [1]. La situation a de nouveau été portée sur la place publique par la triple épidémie de l’hiver dernier (Covid-19, grippe, bronchiolite), avec de sérieux problèmes d’approvisionnement en paracétamol  et amoxicilline. Le Gouvernement a réagi par plusieurs initiatives, dont celle de relancer l’établissement de la liste des médicaments essentiels.
Une première mouture de cette liste a été publiée début juin 2023 [2]. Elle a été constituée « en se fondant sur l’expérience de la Société Française d’Anesthésie Réanimation. Elle a démarré par une approche associée aux grands organes (cœur, rein, cerveau) et a tenu compte de la criticité ou l’urgence médicale (ex. : infectiologie, endocrinologie, anesthésie-réanimation) », dit son texte officiel de présentation. La criticité thérapeutique croise la fréquence d’utilisation de chaque médicament examiné et les conséquences pour les patients concernés s’il n’est pas disponible, qu’il soit fréquemment utilisé ou pas.
Huit sociétés savantes ont été sollicitées, mobilisant au total plus de 400 experts, mais pas la Haute Autorité de santé, ni l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (en revanche la Société française de pharmacie clinique l’a été), ni les sociétés de médecine générale et les associations de patients. De plus, plusieurs produits ont été ajoutés par le ministère de la santé lui-même, notamment des vaccins, des contraceptifs et des médicaments prescrits pour favoriser l’abstinence tabagique. Tout cela fait l’objet de nombreux reproches de la part de médecins, dont certains y ajoutent le fait que les noms des experts n’ont pas été dévoilés, ni leurs liens d’intérêt, et que certains médicaments manquent alors que d’autres sont en doublons [1].
Le ministère répond qu’il s’agit d’une liste évolutive, qui devrait connaître une seconde version d’ici quelques mois. Dans l’immédiat, il s’agissait de travailler vite, ce qui rendait compliqué l’établissement d’un consensus de toutes les parties. Comment ne pas penser à la fable de La Fontaine, Le lièvre et la tortue ? Une fois de plus, l’urgence a commandé.
Or, il s’agit d’un sujet qu’il ne faut pas prendre à la légère. C’est l’établissement de cette liste qui conditionne en grande partie la réalisation de toutes les propositions avancées pour lutter contre les pénuries de médicaments, notamment les choix de relocalisations des productions de produits actifs en France ou en Europe et les politiques de prix de vente [3,4]. Sur ce dernier point aussi, il serait important d’engager un débat, pour trouver l’équilibre juste entre contraintes financières de notre système d’assurance maladie et préservation des capacités d’investissement et de production des laboratoires pharmaceutiques français et européens.








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