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La régression spontanée du cancer est extrêmement rare

Rédigé le Dimanche 1 Janvier 2023 à 11:42 |



Après avoir regroupé les taux de réponse au placebo de 45 essais de médicaments anticancéreux sur des cancers solides avancés, les chercheurs ont constaté une réponse complète de 0% et une réponse partielle de 1%.

40% des Américains croient en un traitement alternatif

« Nous pouvons maintenant apporter des réponses à nos patients », a tweeté l’investigateur principal de l’étude, le Dr Bishal Gyawali (Université Queen’s, Kingston, Canada). Sans traitement, « les chances de réponse complète sont presque nulles et il ne faut pas s’y fier ! Il s’agit presque d’un miracle ».

« Espérons que ces données convaincront nos patients de ne pas abandonner le traitement anticancéreux qui leur est prescrit », a ajouté le Dr Gyawali.

Dans un entretien avec Medscape.com, le Dr Bhavana Pothuri, gynécologue oncologue au NYU Langone Perlmutter Cancer Center (New York, États-Unis), qui n’a pas participé à l’étude, indique qu’il n’a pas été surpris par le « très faible taux » de réponses partielles et complètes chez les patients qui reçoivent un placebo.

 

Cette étude fournit « des informations importantes au moment-même où nous parlons aux patients » dans les essais. Elle leur montre le « bénéfice substantiel » que les traitements contre le cancer peuvent apporter, a déclaré le Dr Pothuri.

Le Dr Fred R. Hirsch (Tisch Cancer Institute du Mount Sinai, New York, États-Unis), qui n’a également pas participé à l’étude, a convenu que les résultats étaient « intéressants mais pas entièrement surprenants ». Le principal message de cette étude « est que le cancer doit être traité ».

Cependant, une récente enquête nationale menée par l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) a révélé que 40 % des Américains pensaient que leur cancer pouvait être complètement guéri uniquement par des traitements alternatifs. Cette croyance peut être alimentée par des rapports anecdotiques partagés par des personnes atteintes de cancer, a noté le Dr Gyawali dans son tweet.

Craignant que de telles histoires ne dissuadent certains patients de chercher un traitement, le Dr Gyawali et ses collègues ont cherché à mieux comprendre la fréquence à laquelle les tumeurs solides avancées régressaient spontanément.

L’équipe a analysé les taux de réponse au placebo dans 45 essais contrôlés randomisés dans lesquels des médicaments anticancéreux étaient utilisés pour traiter des cancers solides avancés.

Les auteurs notent que « la meilleure estimation des chances de régression spontanée peut être déduite des taux de réponse au placebo dans les essais randomisés puisque les placebos, par définition, sont des substances inertes qui n’ont pas d’effets antitumoraux propres ».

Un taux de réponse très faible au placebo

Les essais, publiés entre 2015 et 2021, ont porté sur un total de 5.684 patients. Les auteurs ont précisé que le placebo consistait en une monothérapie ou par les meilleurs soins de soutien et n’était pas utilisé dans le cadre d’une thérapie combinée, comme une chimiothérapie ou une immunothérapie plus un placebo.

Sur les 4.760 patients évaluables pour un taux de réponse objective dans le bras placebo, 94 (1,97%) ont obtenu une réponse objective. Une analyse groupée a révélé un taux de réponse objective de 1%.

Sur les 3.808 patients qui ont pu être évalués pour des réponses partielles ou complètes, seuls quatre d’entre eux (0,1%) ont obtenu une réponse complète. Le taux groupé de réponse complète était de 0%. En outre, un peu plus de 2 % des patients qui ont reçu un placebo (83 sur 3 808) ont obtenu une réponse partielle, avec un taux de réponse partielle groupé de 1% pour l’ensemble des essais.

Le Dr Gyawali et coll. ont trouvé qu’il était « rassurant » que leurs taux de réponse groupés au placebo soient conformes à ceux de deux autres études, qui ont montré un taux de réponse objective de 2% avec un placebo ou sans traitement actif chez les patients atteints de cancers solides avancés.

« Ainsi, nous pouvons communiquer en toute sécurité avec nos patients que les chances de réponse sans traitement sont probablement de 1%, et pas plus de 2% même dans le scénario le plus optimiste », écrivent les auteurs.

Les auteurs notent toutefois que les analyses de sous-groupes basées sur les types de tumeurs ont révélé des taux de réponse objective légèrement plus élevés dans le groupe placebo pour le cancer de la prostate (7%) et le sarcome (4%).

Le taux de réponse objective plus élevé dans le cancer de la prostate pourrait s’expliquer par l’effet thérapeutique de la prednisone  ou par l’utilisation continue du blocage androgénique en dehors de l’étude.

« Cependant, un taux de réponse de 4% chez les patients atteints de sarcomes est intriguant et n’a pas d’explication claire », écrit l’équipe.

Les limites potentielles de l’étude comprennent un éventuel biais de publication et l’hétérogénéité des études évaluées.

Malgré ces limites, le Dr Gyawali et coll. concluent que les patients « ne doivent pas s’attendre à une régression complète des cancers sans traitement ».

L’étude n’a bénéficié d’aucun financement. Le Dr Gyawali reçoit des honoraires de consultant de Vivio Health sans lien avec cette étude. Les Drs Hirsch et Pothuri n’ont révélé aucune relation financière pertinente.

Cet article a été écrit par Megan Brooks et initialement publié sur Medscape.com  puis traduit/adapté par Mona El-Guechati pour Medscape.fr.









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