Le gouvernement sénégalais a adopté un projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2023. Celui-ci prévoit des dépenses de plus de 8 milliards $ pour des recettes de 6,4 milliards $.
Dans le cadre de la mise en œuvre de ce budget, les autorités ont identifié des défis à relever pour l’année prochaine. Ceux-ci couvrent les secteurs de la santé, du changement climatique, de l’économie et de l’énergie.
Santé et changement climatique
L’une des priorités du gouvernement sera le déploiement d’une stratégie d’adaptation et de résilience aux virus. L’initiative fait écho au projet d’amélioration du secteur de la santé, décidé suite à la crise du coronavirus qui a eu des conséquences néfastes sur l’environnement socio-économique mondial en général et sénégalais en particulier. Bien qu’elle ait été relativement maîtrisée au Sénégal, la pandémie a mis en lumière certaines insuffisances du système sanitaire du pays ouest-africain.
« Aujourd’hui, sans être totalement vaincue, la maladie demeure plus ou moins sous contrôle dans la majorité des Etats de la planète, à commencer par le Sénégal dont la gestion de la pandémie est présentée comme un modèle du genre. Mais une réalité inquiétante a fini par s’imposer […] : l’humanité devra faire face à d’autres pandémies mondiales dans le futur, à des intervalles de temps de plus en plus rapprochés », souligne le gouvernement dans son budget. Et d’ajouter : « L’Etat est obligé d’en tirer toutes les conséquences en renforçant et en adaptant sans cesse le système de santé, car, dans le même temps, les citoyens ne se résignent plus à la souffrance et à la mort ; ils exigent d’être bien soignés et de pouvoir vivre en bonne santé le plus longtemps possible ». Au total, 428 millions $ d’autorisations d’engagement ont été affectés au budget de la santé dans le PLF 2023, pour 381,5 millions $ de crédits de paiement.
Le deuxième défi ciblé par les autorités dans le cadre du budget 2023 est celui lié au changement climatique. Sujet de plus en plus porté par les dirigeants africains en raison de son impact socio-économique, la crise climatique qui frappe de plein fouet l’Afrique est au cœur de plaidoyers menés depuis plusieurs années par les pays en développement, dont le Sénégal, pour obtenir plus de financements de la part des pays riches. L’urgence qu’elle fait peser sur les pays du continent a progressivement poussé les Etats à l’inscrire dans les projets de loi de finances.
« Le changement climatique représente un défi budgétaire colossal, lié notamment à la prévention et à la lutte contre les inondations, à la maîtrise de l’eau dans l’agriculture, à l’entretien des infrastructures routières et à l’assainissement de notre cadre de vie. Tous des enjeux qui transparaissent dans le projet de budget 2023 », précisent les autorités sénégalaises.
Inflation et tensions énergétiques
En pleine hausse des cours mondiaux des denrées alimentaires, la lutte contre l’inflation et l’adaptation aux tensions sur le marché du pétrole ont également été inscrites par les autorités sénégalaises sur la liste des défis à relever dans le cadre du budget 2023. A la fin du mois de juillet 2022, l’inflation au Sénégal s’élevait à 11 % en glissement annuel (l’un des plus forts taux dans l’UEMOA), notamment expliquée par la hausse des prix alimentaires de 17,2 % en un an, en rapport notamment à la crise ukrainienne.
Dans le même temps, les fluctuations des cours de l’or noir, marquées par un baril de pétrole brent qui est passé de 74,5 $ en septembre 2021 à 86 $ en septembre 2022 avec un pic à 140 $ en mars, faisaient peser le risque d’une hausse des coûts de l’énergie.
« À cause des chocs exogènes, la tension inflationniste devrait perdurer et s’accentuer en 2022 atteignant 8,7 % selon les prévisions économiques. Les facteurs à l’origine de l’inflation n’ayant pas disparu, le Gouvernement entend continuer à protéger les Sénégalais contre ses effets les plus néfastes, un choix clairement affiché par le projet de budget 2023 », ont à cet effet souligné les autorités.
Pour répondre à ces défis, les autorités comptent notamment sur une hausse des ressources pour financer les réponses budgétaires. Elles sont ainsi projetées à 5,4 milliards $ pour l’année prochaine, contre 4,8 milliards $ pour l’année en cours. A cela s’ajouteront les recettes non fiscales attendues à 152 millions $ ainsi que des ressources issues des emprunts qui seront contractés par l’Etat.
Notons également que le PLF 2023 est bâti sur une projection de croissance à deux chiffres, soit 10,1 %, contre un taux de 4,8 % estimé pour l’année 2022. A moyen terme, la croissance devrait être fortement stimulée par le début de la production d’hydrocarbures et ses externalités à travers les projets Grande Tortue Ahmeyin (GTA) et Sangomar.
