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Changement de sexe chez les adolescents : l’Académie de médecine appelle à la prudence

Rédigé le Vendredi 11 Mars 2022 à 11:37 |



Alors que les demandes de changement de sexe chez les enfants et surtout les adolescents augmentent depuis plusieurs années aux États-Unis, mais aussi en Europe, l’Académie de médecine a publié un communiqué dans lequel elle incite à la prudence et à prolonger la phase de prise en charge psychologique [1]. Une réaction qui fait suite sans aucun doute – même si ce n’est pas dit – à la publication le mois dernier d’un ouvrage, relativement médiatisé, dans lequel les psychanalystes Caroline Eliacheff et Céline Massonalertent sur les dérives du « transgenrisme » chez les mineurs (voir ci-dessous).

 

Changement de sexe : la demande s’est amplifiée

La dysphorie de genre correspond à un ressenti, fort et de plus de 6 mois, d’identification à un genre différent de celui assigné à la naissance. Ce ressenti peut causer une souffrance significative et prolongée, susceptible d’augmenter le risque de suicide S’il n’est pas nouveau, ce phénomène s’est amplifié au cours des dernières années aux États-Unis, mais aussi en Europe, et « les demandes de changement de sexe chez les enfants et surtout les adolescents augmentent depuis plusieurs années » écrit l’Académie de médecine.
Une étude récente au sein d’une dizaine de lycées de Pittsburgh a révélé une prévalence nettement supérieure aux estimations antérieures faites aux Etats-Unis, indique l’Académie de médecine : 10% des élèves se déclaraient transgenres ou non binaires ou de genre incertain [2] . En 2003, le Royal Children’s Hospital de Melbourne n’avait porté le diagnostic de dysphorie de genre que chez un seul enfant, alors qu’aujourd’hui il en traite près de 200. En France, on évoquait en 2016, les chiffres de 10.000 à 15.000 personnes concernées  par un changement de sexe.
La fabrique de l’enfant transgenre
Dans un livre publié le mois dernier et intitulé «  La fabrique de l’enfant transgenre  » (Ed. L’Observatoire), les psychanalystes Caroline Eliacheff et Céline Masson alertent sur les dérives du « transgenrisme » chez les mineurs. Considérant que le poids de la culture LGBTQI et l’influence des réseaux sociaux ont donné une visibilité nouvelle à la « dysphorie de genre », elles s’inquiètent, au nom de la protection de l’enfant, que les traitements hormonaux et chirurgicaux puissent faire « d’un enfant sain un patient à vie » et que « la réponse affirmative trop rapide à ce désir de changement de sexe risque aussi de porter atteinte à sa construction psychique » précise l’éditeur .

 

Offre de soins croissante

« La demande médicale s’accompagne d’une offre de soins croissante, sous forme de consultations ou de prises en charge en cliniques spécialisées, en raison de la détresse qu’elle entraîne et non d’une maladie mentale proprement dite », écrit l’Académie de médecine et concerne de nombreuses spécialités parmi lesquelles la psychiatrie, l’endocrinologie, la gynécologie et parfois, in fine, la chirurgie.
Face à cette demande de la part des enfants et des adolescents, l’Académie invite à « une grande prudence médicale », compte tenu, dit-elle « de la vulnérabilité, en particulier psychologique, de cette population et des nombreux effets indésirables, voire des complications graves, que peuvent provoquer certaines des thérapeutiques disponibles ». Ses membres rappellent, à cet égard, la décision prise en mai dernier par l’hôpital universitaire Karolinska de Stockholm d’interdire désormais l’usage des bloqueurs d’hormones. La décision de l’hôpital se fonde notamment sur le rapport britannique du National Institute for Health and Care Excellence qui a jugé le rapport bénéfices/risques de ce traitement « très incertain », ainsi que sur une étude menée en Suède en 2019 ayant révélé « un manque de fondements pour les traitements médicaux, et un manque d’explication pour la forte augmentation du nombre d’adolescents présentant une dysphorie de genre ces dernières années », selon le site d’actualité bioéthique Gènéthique.

 

Assurer un accompagnement médical et psychologique

« Si, en France, l’usage de bloqueurs d’hormones ou d’hormones du sexe opposé est possible avec autorisation parentale sans conditions d’âge, la plus grande réserve s’impose dans cet usage », insiste l’Académie de médecine. En cause, les effets secondaires d’une telle prise hormonale tels que « l’impact sur la croissance, la fragilisation osseuse, le risque de stérilité, les conséquences émotionnelles et intellectuelles et, pour les filles, des symptômes rappelant la ménopause ».
Et de rappeler le caractère irréversible des traitements chirurgicaux, qu’il s’agisse de mastectomie – autorisée en France dès l’âge de 14 ans – ou ceux portant sur l’appareil génital externe (vulve, pénis).
C’est pourquoi, « face à une demande de soins pour ce motif, est-il essentiel d’assurer, dans un premier temps, un accompagnement médical et psychologique de ces enfants ou adolescents, mais aussi de leurs parents, d’autant qu’il n’existe aucun test permettant de distinguer une dysphorie de genre « structurelle » d’une dysphorie transitoire de l’adolescence  », écrit l’Académie de médecine. Celle-ci considère, en effet, qu’il existe un réel « risque de surestimation diagnostique ». En témoigne, dit-elle, « le nombre croissant de jeunes adultes transgenres souhaitant « détransitionner » ». Il convient donc, selon elle, de « prolonger autant que faire se peut la phase de prise en charge psychologique ».
L’Académie nationale de médecine appelle l’attention de la communauté médicale sur la demande croissante de soins dans le contexte de la transidentité de genre chez l’enfant et l’adolescent et recommande [1] :
  • « Un accompagnement psychologique aussi long que possible des enfants et adolescents exprimant un désir de transition et de leurs parents ;
  • En cas de persistance d’une volonté de transition, une prise de décision prudente quant au traitement médical par des bloqueurs d’hormones ou des hormones du sexe opposé dans le cadre de Réunions de Concertation Pluridisciplinaire ;
  • L’introduction, dans les études médicales, d’une formation clinique adaptée pour informer et guider les jeunes et leur famille ;
  • La promotion de recherches, tant cliniques et biologiques qu’éthiques, trop rares en France à ce jour sur ce sujet.
  • La vigilance des parents face aux questions de leurs enfants sur la transidentité ou leur mal-être, en soulignant le caractère addictif de la consultation excessive des réseaux sociaux qui est, à la fois, néfaste au développement psychologique des jeunes et responsable d’une part très importante de la croissance du sentiment d’incongruence de genre ».


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