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Cancer bronchique en 2020 : nouveaux résultats d'une cohorte unique au monde

Rédigé le Lundi 31 Janvier 2022 à 09:45 |



L’étude KBP-2020 sur le cancer bronchique primitif (CBP) a livré ses premiers résultats, vingt ans après KBP-2000 et dix ans après KBP-2010. Le nouveau volet de cette série d'études épidémiologiques conduites par le Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux (CPHG) met en évidence que les femmes sont de plus en plus touchées par le cancer bronchique, confirme le rôle délétère du cannabis et montre aussi que ce cancer est encore diagnostiqué trop tardivement. Le Dr Didier Debieuvre (pneumologue, hôpital Émile Muller, Mulhouse), président du CPHG, a détaillé ces conclusions lors d'une conférence de presse.
Une pandémie au féminin 
L'étude KBP-2020 a inclus 8.999 patients atteints d'un CBP diagnostiqués et pris en charge dans un centre hospitalier généraux (CHG). « D'après des chiffres de l'Inca non encore publiés, cela représente environ 20% des nouveaux cas de cancer bronchique pour 2020 » fait remarquer le Dr Debieuvre. Les séries précédentes avaient porté sur 5.667 patients pour KBP-2000 et 7.051 patients pour KBP-2010.
Unique au monde, cette cohorte prospective nationale multicentrique permet de dresser tous les dix ans un état de lieux précis des personnes atteintes par un CBP, d'observer comment le profil des patients évolue mais aussi de suivre les progrès thérapeutiques et leur impact sur la survie.
Quel est le profil des patients ayant été diagnostiqués en 2020 ? Les investigateurs ont constaté une nette progression des femmes, lesquelles représentent 34,6% des nouveaux cas de cancer bronchique à comparer aux 16% en l'an 2000. Cette tendance, confirmée et renforcée aujourd'hui, avait été révélée il y a dix ans lors de la deuxième étude KBP.  Chez les patients les plus jeunes, la part des femmes est particulièrement importante : en 2020, sur 100 personnes de moins de 50 ans diagnostiquées avec un CBP, 41 étaient des femmes. Cette hausse exponentielle serait attribuable à l'augmentation du tabagisme chez les femmes.
« On peut parler de pandémie du cancer bronchique au féminin » commente le Dr Debieuvre qui imagine que la France sera dans quelques années dans la situation des Etats-Unis où le cancer bronchique est devenu le premier cancer chez les femmes devant le cancer du sein.
Le tabac mais aussi le cannabis 
Si le tabac reste la première cause de cancer bronchique en France, la proportion de non-fumeurs parmi les nouveaux cas augmente. Les non-fumeurs sont plus nombreux en 2020 (12,6%) qu'en 2010 (10,9%) et qu'en 2000 (7,2%). « L'impression que le CBP chez les jeunes était lié certes au tabac mais aussi au cannabis se confirme : les fumeurs de cannabis représentent 3,6% des participants de notre cohorte mais 33% des moins de 50 ans » complète le Dr Debieuvre.
Une population de plus en plus âgée 
Selon le coordinateur de l'étude, ces données infirment cependant le sentiment qu’ont les cliniciens de recevoir de plus en plus de patients jeunes. « C'est un biais cognitif car suivre un jeune marque beaucoup plus. Mais quand on reprend les données des trois séries, il y a une diminution du CBP chez les jeunes » explique-t-il.
En revanche, il y a une augmentation très nette des diagnostics chez les plus âgés.
Comment expliquer ces deux tendances opposées selon la tranche d'âge ? « Pour les jeunes, il s'agit peut-être d'un effet des campagnes de lutte contre le tabagisme. Si c'est le cas, ce sera confirmé par les prochaines éditions du KBP » avance Didier Debieuvre. Pour les plus de 80 ans, le pneumologue considère que ces patients âgés n'étaient probablement pas diagnostiqués auparavant faute de traitements à proposer. Par ailleurs, il souligne qu'il est logique de constater un vieillissement de la population atteinte de CBP étant donné le vieillissement de la population générale. 
Des diagnostics encore trop tardifs 
Si les traitements ont radicalement évolué ces dix dernières années grâce aux thérapies ciblées et l'immunothérapie, dont l'impact sur la survie pourra être observé dans quelques années pour la cohorte 2020, le diagnostic reste encore trop tardif. « Si l'état de santé de la population générale s'est amélioré en 2020 par rapport à 2000 et 2010, les patients nous arrivent en mauvais état général et la mortalité précoce à un mois et trois mois est encore importante » déplore le Dr Debieuvre.
De fait, en 2020, 60% des nouveaux cas de CBP ont été diagnostiqués à un stade métastatique ou localement avancé. Pour la plupart, ces cancers sont incurables car diagnostiqués trop tardivement.
« Cela pose encore la question du dépistage généralisé du cancer du poumon. On espère que les autorités compétentes réviseront leur position grâce à des études pilotes en cours, et qu'on améliorera ainsi le pronostic » conclut-il. Pour l'instant, le dépistage du cancer bronchique n'est pas recommandé en France.


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