Médecins diplômés chômeurs au Sénégal : «Il est paradoxal de continuer à saturer un système plein a craquer"

Rédigé le Mardi 18 Janvier 2022 à 13:53 |



" Ne serait-il pas nécessaire de fermer la faculté de médecine, si l'État n'est pas apte à recruter les médecins diplômés ? Il est paradoxal de continuer à saturer un système plein à craquer. Dans un pot de billes où l'on a du mal à refermer le couvercle, le bon sens voudrait que l’on n’en rajoute pas davantage ». Une réflexion catégorique  de Demba Tahirou Diop sur la problématique de l’emploi au Sénégal, dans un document qu’il intitule « Le revers de la blouse blanche ». 
 
Dans sa réflexion dont copie est parvenue à notre rédaction, Demba Tahirou Diop, 29 ans, diplômé de la faculté de médecine de Dakar dénonce le fait que " l'Etat ne trouve pas de solution mais laisse exercer dans son territoire des médecins étrangers (non diplômés d'ici) et parfois correctement payés et largement au-dessus des collaborateurs nationaux". A l'en croire, « La réciprocité devrait s'appliquer pour tous. Ces derniers venant de pays où l'accès même aux études médicales et post graduées est extrêmement contraignant et où l'on n'ose même pas exercer son art lorsque l'on vient d'ailleurs » écrit-il. Il ajoute  : «  L'inscription à la plateforme de recrutement est un leurre. L'intégration à la fonction publique est arbitraire. L'Etat nous fait travailler gratuitement pendant la formation. Diplômés, hauts cadres, mais misérables, incapables de récompenser les sacrifices consentis par les parents depuis tant d’années ! Quel gâchis ... Chômeur de surcroît avec un doctorat d'État au moins puisque ce système est trop abrupt à récompenser les moins méritants ».
 
Par ailleurs, Demba Tahirou Diop dénonce les conditions misérables qu’ils sont  en train de vivre. « 5000 francs CFA (7,62 €) voir 20000 FCFA (30,50 €) au plus pour 15h à 24 de garde. 80000 francs CFA (121,99 €), 120.000 (182,99€), 200 voire 300000 pour une rémunération mensuelle brute avec une charge de travail colossale autour de 40 voire 45 heures hebdomadaires minimum. Il n'y a ni accessoires de salaire, ni cotisations sociales, encore moins des indemnités et pourtant cela ne les empêche pas d'appliquer les retenues fiscales et divers abattements ».
 
Cette misère n’est pas seulement dans le public. « Dans le privé, les médecins sont majoritairement employés comme prestataires parfois sans contrat écrit. Dans les structures hospitalo-universitaires, ils sont surexploités gratuitement au nom d'une formation médicale de spécialités à leurs propres charges et à coût élevé nonobstant le fait qu'ils détiennent un diplôme d'État d'exercice. Dans les structures périphériques, comprenez ici le niveau communautaire, on dénote selon les zones une certaine stabilité. Mais y être, anéantit souvent les rêves de poursuivre une spécialité en étant encore jeune. Que cela concerne la rémunération, l'aménagement du travail, ou le déploiement des effectifs, les employeurs ne tiennent pas compte du besoin en formation professionnelle continue (FPC) et admettent difficilement des contrats d'apprentissage ; le législateur nous ayant exclus des contrats de stages », regrette-t-il.
Avec Seneweb