Maladie de Crohn : ustekinumab ou adalimumab ?

Rédigé le Samedi 2 Juillet 2022 à 15:31 |



L’étude SEAVUE est la première étude face-face prospective ayant évalué l’efficacité et la tolérance de l’ustekinumab et de l’adalimumab en monothérapie chez des patients atteints de maladie de Crohn (MC) modérée à sévère et naïfs de traitements biologiques. Dans ce contexte, les deux traitements ont montré une efficacité importante et similaire jugée par l’atteinte de la rémission clinique (Crohn Disease Activity Index, CDAI<150) après 1 an de traitement. Ces données supportent le fait que ces traitements peuvent être utilisés en première ligne de traitement chez ces patients.

Pourquoi est-ce important ?

Dans le contexte de la MC, plusieurs agents biologiques ont été approuvés en association aux traitements conventionnels (corticoïdes, immunomodulateurs tels que l’azathioprine, la mercaptopurine et le méthotrexate). L’ustekinumab et l’adalimumab font partie de ces agents biologiques. Ces anticorps monoclonaux se fixent spécifiquement sur l’IL-12 et l’IL-23 (sous-unité p40) pour l’ustekinumab et sur le TNF-alpha pour l’adalimumab.

Les études face-face offrent aux cliniciens des données leur permettant de mieux consolider leur choix de molécule. 

Méthodologie

SEAVUE est une étude internationale de phase 3b (121 centres de soins dans 18 pays ont participé). Il s’agit d’une étude randomisée, menée en double aveugle, en groupe parallèle versus comparateur actif. Les patients inclus étaient des adultes atteints de maladie de Crohn modérée à sévère (CDAI 220-450), non répondeurs ou intolérants aux traitements conventionnels (ou dépendants aux corticoïdes). Ils ont été randomisés entre un groupe traité par de l’ustekinumab (environ 6mg/kg en IV à J0, puis 90 mg en SC toutes les 8 semaines) ou adalimumab (160 mg à J0 et 80 mg à 2 semaines, puis 40 mg toutes les 2 semaines en SC). Tous ont été traités jusqu’à la semaine 56. Ces traitements ont été administrés en monothérapie et sans modification de dose possible.

Principaux résultats

Au global 386 patients ont été randomisés (groupe ustekinumab (n=191), adalimumab (n=195)). Parmi eux, 18% recevaient un traitement immunomodulateur au moment du screening. Ces traitements ont été arrêtés avant la randomisation. 

Les analyses ont mis en évidence que 15% sous ustekinumab et 24% sous adalimumab ont arrêté le traitement avant la 52e semaine. La survenue d’évènements indésirables était la principale raison d’arrêt de traitement (6% et 11% respectivement), puis l’absence d’amélioration (6% et 5% respectivement). 

L’efficacité des traitements jugée par la proportion de patients atteignant la rémission clinique s’est révélée être similaire (CDAI<150) à la 52e semaine en intention de traitement : 65% sous ustekinumab versus 61% sous adalimumab, soit une différence de 4%, p=0,42.

La sécurité d’emploi de ces deux traitements était comparable avec les précédentes données disponibles sur le sujet. 

Le taux d’infections sévères était de 2% (n=4) sous ustekinumab et 3% (n=5) sous adalimuumab. Aucun décès n’est survenu au cours des 52 semaines de l’étude.

Financement

Étude financée par Janssen Scientific Affairs.