Impact des pesticides sur la maladie de Parkinson : que nous dit la drosophile ?

Rédigé le Mercredi 2 Mars 2022 à 11:17 |



 

Des chercheurs français ont utilisé la mouche drosophile pour évaluer l’effet d’un pesticide sur le développement de la maladie de Parkinson. Ils viennent de publier leurs résultats . 

Pourquoi cette étude ? 

La maladie de Parkinson est principalement liée à l’âge, mais des facteurs environnementaux sont suspectés dans son développement. On sait par exemple que l’exposition au paraquat, un herbicide interdit depuis 2007 dans l’Union européenne, contribue à augmenter le risque de développer cette maladie. C’est pourquoi des chercheurs lyonnais ont voulu étudier les effets du paraquat sur des drosophiles transgéniques, modifiées pour porter le gène de l’α-synucléine humaine, sachant que l’accumulation et l’agrégation de cette protéine dans le cerveau sont des marqueurs de progression de la maladie de Parkinson. 

Cette étude a utilisé deux modèles de drosophiles modifiées génétiquement pour porter soit le gène normal de l’α-synucléine humaine, soit un gène muté (A53T), ce dernier étant lié à des cas génétiques de maladie de Parkinson débutant en moyenne vers 45 ans, avec une progression rapide et souvent associés à une démence. Ces insectes ont alors été exposés au paraquat, à une faible concentration et sur un temps long, correspondant à la durée nécessaire pour que la moitié des drosophiles meure. L’objectif était d’observer si le paraquat entraînait par lui-même des modifications de la protéine α-synucléine chez ces drosophiles transgéniques. 

Quels résultats ? 

Les résultats de cette étude ont confirmé que les drosophiles transgéniques étaient plus sensibles au paraquat : les drosophiles porteuses du gène normal de l’α-synucléine humaine avaient une durée de vie réduite par rapport aux drosophiles non transgéniques, cette durée étant encore plus courte pour les drosophiles porteuses de la mutation A53T. 

De plus, il a été observé que le paraquat entraînait une accumulation d’α-synucléines toxiques et de forme anormale. Ces anomalies sont comparables aux effets de la maladie de Parkinson chez l’être humain. 

Une accumulation mais pas d’agrégation 

En revanche, il n’a pas été observé chez ces drosophiles de forte agrégation des protéines α-synucléines entre elles, cette agrégation étant un autre marqueur de la maladie de Parkinson. Deux hypothèses pourraient expliquer cette absence d’agrégation : 

L’accumulation de protéines non hautement agrégées pourrait rappeler les stades précoces de la maladie de Parkinson. L’exposition de ces drosophiles au paraquat permettrait alors d’observer le début du processus d’accumulation des formes toxiques d’α-synucléine. 

Le mécanisme de dérèglement induit par le paraquat pourrait être différent de celui observé lors du vieillissement. Dans ce cas, l’exposition à l’herbicide pourrait ne pas provoquer une simple accélération de la maladie mais pourrait être à l’origine d’un autre processus d’accumulation des formes toxiques d’α-synucléine. 

Pour répondre à cette question, des études plus approfondies, notamment sur les mécanismes cellulaires mis en jeu, sont nécessaires. 

En conclusion, cette étude a permis de montrer que la drosophile est un modèle intéressant, intermédiaire entre la culture de cellules et les rongeurs, qui pourra être utilisé pour évaluer l’effet de contaminants environnementaux autres que le paraquat. La drosophile est un animal simple à appréhender du fait de sa courte vie, tout en possédant un système nerveux complexe.