Quels sont les facteurs alimentaires qui influent sur le risque de cancer du poumon ? Une étude de 10 pays européens

Rédigé le Lundi 25 Juillet 2022 à 12:58 |



Quels sont les facteurs alimentaires qui influent sur le risque de cancer du poumon ? Une étude de 10 pays européens

À retenir

  • Une étude prospective de 10 pays européens intitulée Étude prospective européenne sur le cancer et la nutrition (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition, EPIC) a identifié plusieurs associations intéressantes entre les facteurs alimentaires et le cancer du poumon. Cependant, seules deux associations ont été confirmées lors de la réplication des résultats : les effets protecteurs d’un apport plus élevé en fruits et en vitamine C sur le carcinome épidermoïde. Le carcinome épidermoïde est le sous-type histologique de cancer du poumon le plus fréquent chez les fumeurs (actuels et anciens).
  • L’ampleur de la protection a atteint jusqu’à 14 %.

Pourquoi est-ce important ?

  • Les résultats suggèrent que les prestataires de soins en médecine générale devraient encourager les fumeurs à consommer de grandes quantités de fruits et de vitamine C.

Méthodologie

  • L’étude EPIC est une étude portant sur 92 facteurs alimentaires et sur le risque de cancer du poumon chez 327 790 participants. Les participants ont été suivis pendant une durée médiane de 15 ans.
  • Les participants étaient principalement des hommes et des femmes âgés de 35 à 70 ans au moment du recrutement (1992–2000), issus de 23 centres situés dans 10 pays européens. Ces pays étaient l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède.
  • À l’inclusion, les participants ont rempli des questionnaires sur l’alimentation validés ou des journaux alimentaires. Les 92 facteurs alimentaires étudiés comprenaient 63 aliments et 29 nutriments.
  • Il a été tenté de reproduire les résultats de l’étude EPIC dans une étude prospective distincte, l’Étude de cohorte néerlandaise (après une correction pour prendre en compte les comparaisons multiples en utilisant le taux de fausses découvertes).
  • L’Étude de cohorte néerlandaise a inclus 120 852 participants âgés de 55 à 69 ans au moment du recrutement en 1986, qui ont été suivis pendant une durée médiane de 20,3 ans.
  • Les participants néerlandais ont été interrogés au moment du recrutement à l’aide d’un questionnaire semi-quantitatif à 150 items sur la fréquence alimentaire couvrant la période des 12 mois précédents.
  • Financement : Programme international régulier de subvention du Fonds global de recherche sur le cancer (World Cancer Research Fund International Regular Grant Programme).

Principaux résultats

  • L’étude EPIC a identifié 2 420 cas incidents de cancer du poumon.
  • Les résultats ont été présentés sous forme de rapports de risque (RR) par augmentation de 1 de l’écart type (ET) de l’apport par jour.
  • Un apport plus élevé des trois facteurs alimentaires suivants a été associé à une protection allant jusqu’à 9 % contre le cancer du poumon :
    • Fibres (RR : 0,91 ; IC à 95 % : 0,87–0,96).
    • Fruits (RR : 0,91 ; IC à 95 % : 0,86–0,96).
    • Vitamine C (RR : 0,91 ; IC à 95 % : 0,86–0,96).
  • Un apport plus élevé des trois facteurs alimentaires suivants a été associé à un risque jusqu’à 8 % plus élevé de cancer du poumon :
    • Abats (RR : 1,08 ; IC à 95 % : 1,03–1,14).
    • Rétinol (RR : 1,06 ; IC à 95 % : 1,03–1,10).
    • Bière/Cidre (RR : 1,04 ; IC à 95 % : 1,02–1,07).
  • L’étude EPIC n’a pas trouvé d’association entre le vin, les spiritueux ou la consommation totale d’alcool et le risque de cancer du poumon.
  • L’étude EPIC n’a identifié aucune différence entre ces associations et le sexe, mais les données probantes étaient un peu plus solides pour les fumeurs actuels et les anciens fumeurs que pour les personnes n’ayant jamais fumé.
  • Cependant, les six associations de l’étude EPIC n’ont pas pu être répliquées dans l’Étude de cohorte néerlandaise.
  • Cette dernière comptait 2 861 cas de cancer du poumon.
  • Néanmoins, l’Étude de cohorte néerlandaise a révélé que 2 associations étaient jusqu’à 14 % plus protectrices, en particulier pour le carcinome épidermoïde (RR par augmentation de 1 de l’ET de l’apport par jour) :
    • Fruits (RR : 0,86 ; IC à 95 % : 0,77–0,95).
    • Vitamine C (RR : 0,88 ; IC à 95 % : 0,80–0,98).

Limites

  • Les résultats de l’étude EPIC et de l’Étude de cohorte néerlandaise sont observationnels.
  • Les questionnaires alimentaires ont été administrés une seule fois, au moment du recrutement.