Les troubles dépressifs favorisent l’évolution vers une insuffisance cardiaque

Rédigé le Mercredi 27 Avril 2022 à 14:36 |



Les troubles dépressifs favorisent l’évolution vers une insuffisance cardiaque
A retenir
  • Selon une large étude prospective américaine, les participants sans coronaropathie initiale et avec des symptômes dépressifs à l’inclusion avaient un risque 1,5 fois plus élevé d'hospitalisation pour IC (insuffisance cardiaque) avec FE (fraction d’éjection) préservée. Ce n’était pas le cas pour le risque d’IC avec FE réduite ou lorsqu’une coronaropathie existait initialement.
  • L'absence d'association entre dépression et risque d’IC en cas de coronaropathie à l’inclusion pourrait résulter de différences de facteurs de risque étant intervenus en amont de cette coronaropathie.
  • Ces résultats suggèrent l’intérêt d’un dépistage systématique des troubles dépressifs parmi la population identifiée ici.
Pourquoi est-ce important ?
On sait que les symptômes dépressifs, présents chez 20 à 40 % des insuffisants cardiaques, sont associés à un mauvais pronostic, sous l’influence de facteurs comportementaux (tabagisme, inactivité physique, mauvaise observance) et biologiques (inflammation chronique). Cependant, il n’est pas clairement établi si les symptômes dépressifs associés peuvent ou non favoriser l’évolution vers l'insuffisance cardiaque. Cette étude propose une évaluation du risque global et selon la typologie d’IC (avec ou sans préservation de la fraction d'éjection).
Méthodologie
L'étude REGARDS (Reasons for Geographic And Racial Differences in Stroke) est une étude de cohorte prospective américaine qui a inclus 30.239 individus de 45 ans et plus recrutés entre 2003 et 2007 afin d’évaluer les facteurs influençant le pronostic de l’AVC (accident vasculaire cérébral). Parmi eux, seuls ceux n’ayant pas d’IC à l’inclusion ont été conservés pour cette analyse. Ils étaient exclus s’ils recevaient des prescriptions de médicaments spécifiques de l’IC.
Les patients étaient considérés comme ayant des symptômes dépressifs s’ils avaient un score ≥4 sur l'échelle de dépression CES-D-4 (échelle de 4 questions, cotée de 0 à 12, croissante avec la sévérité des troubles). L’analyse visait à identifier les hospitalisations incidentes pour IC avec fraction d’éjection globalement préservée (FE ≥50%) ou non (FE<50%).
Principaux résultats
Au total, l’analyse a pu inclure 26.268 sujets sans IC à l’inclusion (58 % de femmes, âge moyen 64,5 ans, 10,4% avec troubles dépressifs). Après une durée médiane de 9,2 ans, 872 hospitalisations pour IC ont été recensées, dont 526 sujets sans coronaropathie et 368 avec FE préservée.
Le taux d'incidence des hospitalisations pour IC ajusté sur l'âge était de 4,9 [4,0-5,9] pour 1.000 sujets-années chez ceux ayant des symptômes dépressifs contre 3,2 [3,0-3,5] pour ceux qui n’en avaient pas (p<0,001).
Par ailleurs, les troubles dépressifs étaient aussi associés à un risque d'hospitalisation pour IC après ajustement multivarié (HR 1,48 [1,00-2,18]) chez les personnes sans coronaropathie initiale. En revanche, les symptômes dépressifs n'étaient pas associés aux hospitalisations pour IC avec FE réduite.
Les troubles dépressifs étaient associés à un risque d'hospitalisation pour IC avec FE préservée une fois les données ajustées sur les données démographiques, les paramètres physiologiques et les comportements de santé (HR 1,37 [1,01-1,85]). Parmi les participants qui n'étaient pas atteints de coronaropathie à l’inclusion, les symptômes dépressifs étaient aussi associés au risque d'hospitalisation pour IC avec FE préservée, mais cette relation n’était pas retrouvée pour le risque d’IC avec FE réduite ou pour celles qui n’avaientpas de coronaropathie à l’inclusion.