De nouvelles données donnent encore plus de raisons d’éviter les aliments ultratransformés

Rédigé le Lundi 12 Septembre 2022 à 16:19 |



De nouvelles données donnent encore plus de raisons d’éviter les aliments ultratransformés

D’après les résultats de deux grandes études observationnelles, un régime alimentaire riche en aliments ultratransformés (AUT) augmente le risque de cancer colorectal (CCR), de maladie cardiaque et de décès.

Les AUT sont hautement manipulés et regorgent d’additifs, notamment de sucre, de graisses et de sel ; et ils sont pauvres en protéines et en fibres. Ils comprennent les sodas, les chips, le chocolat, les bonbons, les glaces, les céréales de petit-déjeuner sucrées, les soupes en brique, les nuggets de poulet, les saucisses, les frites, et bien d’autres aliments de ce type.

Depuis 30 ans, la consommation d’AUT augmente de manière constante dans le monde, tandis que de plus en plus de données probantes indiquent que les régimes riches en AUT augmentent le risque de plusieurs maladies chroniques, notamment les maladies cardiaques et le cancer. Cependant, peu d’études se sont concentrées spécifiquement sur le risque de CCR.

De nouvelles données

Les chercheurs ont analysé les données de 206 248 adultes provenant de l’Étude sur la santé du personnel infirmier, de l’Étude sur la santé du personnel infirmier II et de l’Étude de suivi des professionnels de la santé. L’apport alimentaire a été évalué tous les quatre ans à l’aide de questionnaires détaillés sur la fréquence alimentaire.

Au cours d’une période de suivi allant jusqu’à 28 ans, 1 294 hommes et 1 922 femmes ont développé un CCR.

Les hommes ayant la consommation la plus élevée d’AUT présentaient un risque 29 % plus élevé de CCR que les hommes ayant la consommation la plus faible d’AUT. Cette association était limitée au cancer du côlon distal, avec un risque accru de 72 %.

Parmi les sous-groupes d’AUT, un apport plus élevé en produits tout prêts à base de viande/volaille/poissons et fruits de mer et en boissons sucrées était associé à un risque accru de CCR chez les hommes.

« Ces produits comprennent certaines viandes transformées comme les saucisses, le bacon, le jambon et les croquettes de poisson. Cela est cohérent avec notre hypothèse », estime l’auteure principale Lu Wang, PhD, de l’Université Tufts (Tufts University) à Boston, dans le Massachusetts.

Aucune association n’a été identifiée entre l’apport global en AUT et le risque de CCR chez les femmes, et les chercheurs indiquent ne pas avoir élucidé les raisons à cela.

Cependant, parmi les sous-groupes d’AUT, une association positive a été identifiée entre les plats mixtes prêts à manger/réchauffer et le risque de CCR, ainsi qu’une association inverse entre le yaourt et les desserts laitiers et le risque de CCR chez les femmes.

Il est possible que les aliments comme le yaourt aident à contrer les impacts nocifs d’autres types d’AUT chez les femmes, comme l’expliquent les chercheurs. 

« Des études supplémentaires seront nécessaires afin de déterminer s’il existe une véritable différence selon le sexe au niveau des associations, ou si les résultats nuls observés chez les femmes dans cette étude étaient simplement dus au hasard ou à certains facteurs de confusion non contrôlés chez les femmes qui auraient atténué l’association », a commenté le Dr Mingyang Song, co-auteur principal, de l’École de santé publique T. H. Chan de Harvard (Harvard T. H. Chan School of Public Health), à Boston.

Un régime également nocif pour le cœur

Une étude connexe publiée dans la revue The BMJ révèle une association conjointe entre un régime alimentaire de faible qualité avec un apport élevé en AUT et un risque accru de décès dû à une maladie cardiaque ou à toute autre cause.

Dans cette étude menée auprès de 22 895 adultes (moyenne d’âge : 55 ans ; 48 % d’hommes), les personnes ayant une alimentation moins saine présentaient un risque 19 % plus élevé de décès toutes causes confondues et un risque 32 % plus élevé de décès dû à une maladie cardiovasculaire sur une période de 14 ans, comparativement à leurs pairs ayant l’alimentation la plus saine.

Les adultes ayant la proportion la plus élevée d’AUT présentaient de la même manière un risque accru de mortalité toutes causes confondues et de mortalité due à une maladie cardiaque (19 % et 27 % plus élevés, respectivement).

Lorsque les deux dimensions alimentaires (nutriments et transformation) ont été analysées de manière conjointe, l’association entre un régime alimentaire de mauvaise qualité et la mortalité était significativement atténuée, mais l’apport en AUT restait fortement associé à la mortalité, même après avoir pris en compte la mauvaise qualité nutritionnelle du régime alimentaire.

« Ces résultats suggèrent que les aliments hautement transformés sont associés à de mauvais résultats de santé, indépendamment de leur faible composition nutritionnelle », remarquent les auteurs.

Un appel à l’action

« Tout le monde a besoin de se nourrir, mais personne n’a besoin d’aliments ultratransformés », déclarent le Dr Carlos Monteiro, PhD, et Geoffrey Cannon, de l’Université de Sao Paulo, au Brésil, dans un éditorial accompagnant l’étude.

« La solution rationnelle est de s’appuyer sur des politiques publiques officielles, notamment des recommandations et des publicités mettant en avant la nécessité d’éviter ces aliments, et sur des mesures, y compris des lois, conçues pour limiter la production et la consommation d’aliments ultratransformés et pour restreindre ou de préférence interdire leur promotion », suggèrent le Dr Monteiro et Geoffrey Cannon.

Une version de cet article a été publiée sur Medscape.com.